Les reproches qu’on me fait le plus souvent en amitié sont :
- On dirait que je te dérange.
- Tu ne me téléphone pas, tu ne m’écris pas.
- Tu es trop indépendante.
- Tu n’as pas le temps pour moi.
De toute évidence… :
- Oui, je suis occupée parce que je m’occupe. Je ne me pogne pas le cul dès que j’arrive chez moi. Soit je regarde quelque chose, je cuisine, je lis, j’écris, je fais du ménage, je fais la vaisselle. Le téléphone sonne, j’arrête de faire ce que je faisais (prendre mon bain, laver le bain, plier le linge, manger du chocolat…). Faque oui, ça me dérange. Ça me dérange encore plus quand le monde me demande si ça me dérange.
- Ben non. Pourquoi j’appellerais ou j’écrirais quand tout est sur Facebook ? Log in, lis et ne te pose plus de questions. Si tu veux me contacter, envoie-moi un message sur Facebook ou à la job. Si tu n’es pas sur Facebook, je suis comme un enfant : loin des yeux, tu n’existes pas. Si tu es sur Facebook, je lis tous tes statuts, je regarde tes photos, je visite les pages de tes amis et celle de ton chum. Si j’ai besoin de te contacter, je vais t’écrire sur Facebook.
- Je n’ai pas toujours été comme ça. Moi aussi j’ai été la fille qui appelle, qui écrit, qui veut prendre des nouvelles, qui veut se sentir moins seule, qui a besoin de savoir que les autres pensent à elle, qui veut être indispensable… Moi aussi j’ai eu besoin de contact. Jusqu’à ce que je sois avec quelqu’un qui était froid et distant, silencieux. Jusqu’à ce que mon amie, collée à son cellulaire et qui travaillait 80 heures par semaine, me dise toujours de rappeler parce qu’elle était dans un magasin, au travail, chez le docteur, à l’épicerie, avec son chum, avec son amie, dans son char. Jusqu’à ce que je passe toutes mes fins de semaine toute seule, en silence. Jusqu’à ce que cette même amie disparaisse un été de temps. Jusqu’à ce qu’un ami choisisse sa blonde avant moi et que je le vois de moins en moins et toujours avec elle. Jusqu’à ce qu’il déménage à Sherbrooke. Je me suis tannée d’appeler, je me suis tannée des silences, je me suis tannée de pas mal tout…jusqu’à ce que je finisse par me sentir bien toute seule et que je me mette à aimer le silence. Jusqu’à ce que je fasse les choses pour moi-même, que je n’ai plus peur d’être seule au cinéma, de déjeuner toute seule, etc. Maintenant, je ne peux plus endurer les pots de colle, les gens qui veulent être le centre de mon univers, ceux qui ont toujours besoin d’être sécurisés. (Un bébé, c’est pas pareil.)
- J’aurais du temps pour toi si tu me demandais qu’on se voit. Je suis occupée parce que je m’occupe mais rien n’est coulé dans le béton, en général. Le gym et la piscine se déplacent, le lavage aussi. C’est sûr que si tu m’appelles le jour même, j’ai déjà planifié mes affaires. Mais, une amie m’a demandé trois jours avant de venir à Montréal si on pouvait souper ensemble et j’ai dit oui tout de suite. Quand je veux voir quelqu’un, je lui demande. Si je suis tannée de courir après, j’attends que la personne se libère. Une amie a un horaire de fou. Elle travaille à des heures bizarres et passe des heures en transport en commun. Nos horaires ne correspondent pas et je me suis tannée de me faire dire : je travaille, je vais chez mon chum, je vais à Comicon, etc. J’attends.
Autre chose, j’haïs parler au téléphone. J’haïs ça. J’haîs çaaaaaaaaaaaaaaaaaa. C’est platte. Je ne vois pas la personne, je suis déconcentrée, j’ai le goût de faire d’autre chose, je n’écoute plus. Ça aide pas que les gens qui m’appellent parlent sans cesse et je ne peux pas placer un mot. Y’a rien qui m’énerve plus (pas vrai, plein d’affaires m’énervent) que me faire demander comment ça va ou me faire poser une question et que la personne se remette à parler sans m’écouter.
C’est toutes des choses que je dis quand je rencontre les gens. Je ne me suis jamais cachée de ça.