Le coeur en miettes

Hier, je suis retournée chez la psy… Ça a pris même pas la moitié de la rencontre pour réaliser que la raison pour laquelle je suis si fâchée contre ma mère c’est qu’elle est redevenue celle qu’elle était avant. Avant quoi, je ne sais pas parce que je ne sais pas ce qui a changé, mais elle est redevenue un monstre, la mauvaise mère de mon enfance.

J’ai le coeur en miettes. Dire que c’est elle qui dit que je l’ai poignardée en annonçant ma grossesse sur Facebook au lieu de l’appeler. Franchement. Sa résolution pour 2015 c’est de ne plus se laisser marcher sur le coeur. FRANCHEMENT.

Va falloir que je me concentre sur l’essentiel. Mon fils qui va naître en avril, le fils que j’ai déjà, mon chum, notre vie ensemble.

Ma psy m’a dit…

Jadis, il y a longtemps, vivait une femme qui allait chez sa psy toutes les semaines…

Je me rappelle la période de célibat que je m’étais imposé. Mondoux que j’étais bien. Quelle belle époque. Tellement tranquille. Ma vie de maintenant est pas mal tranquille comparé aux années où je faisais l’abeille butineuse.

Ma psy me demandait si j’étais en manque et non, je ne l’étais pas. Super bizarre. Mes amies arrachaient la peinture des murs avec leurs dents si elles étaient sans sexe pendant plus que deux semaines et moi, meh. Un an et demi et ça ne me faisait rien. Mes meilleurs amants faisaient partie du passé et mes dernières expériences ne rendaient pas la vie sexuelle attrayante. J’ai encore la fois où mon ex m’a mordue sur la cuisse en mémoire… maudit malade.

Elle m’avait demandé si je faisais des rêves érotiques et une fois de plus, je me demandais où elle voulait en venir. Je lui racontais mes rêves ben ordinaires et elle finissait toujours par trouver un sens et de l’érotisme quelque part. Elle m’avait dit que je vivais mon manque dans mes rêves !  Ma réaction : WTF?%$/!

Cet épisode de ma thérapie m’est encore utile…quand je ne vis pas d’éveil sexuel dans la vie de tous les jours, je me demande où est passée ma libido. En-dessous de l’oreiller ? Derrière la laveuse ? Dans mon sac de gym ?

Nope. Dans mes rêves.

Alors, je fais des efforts pour ramener ça dans le monde réel !

C’est pas juste la libido que je vis dans mes rêves…certaines émotions aussi. Si je suis super anxieuse, c’est là que ça se joue. Même chose pour mes sentiments d’impuissance, ma rage, etc. Une chance que j’ai mon blog, mes rêves sont moins pires !

Mais, c’est la thérapie qui m’a permis de sortir mes émotions, mes rêves, mon vécu. Donc, c’est rendu rare que j’ai des cauchemars alors que j’en avais plusieurs par nuit pendant plus que deux ans.

 

Lettre à ma psy

Chère N.,

Ça fais maintenant 8 mois que je ne te vois plus. Une fois, on s’est croisées à la sortie du métro et ça a été une rencontre émotive. J’étais un peu sous le choc de te voir là, en-dehors de ton bureau, dans ta vraie vie. J’aurais aimé te parler longuement.

Il n’y a pas de semaine où je ne me demande pas si tu vas bien, si tu as lu un bon livre dernièrement, si en d’autres circonstances on aurait pu être amies.

J’imagine que c’est normal étant donné nos 4 ans à se voir toutes les semaines sauf quand il y avait tes vacances ou les miennes.

Je veux te dire merci.

  • Merci d’avoir été là pour moi à des moments où je me sentais seule, troublée, en chute libre.
  • Merci de m’avoir permis de crier, pleurer, rire, frapper les bras du fauteuil, dessiner, soupirer, parler.
  • Merci d’avoir été une constante dans ma vie.
  • Merci de m’avoir permis de ne pas « avorter » une autre relation.
  • Merci de m’avoir permis de m’engager dans quelque chose.
  • Merci de m’avoir fait rire.
  • Merci d’avoir fermé les rideaux quand j’avais du soleil dans les yeux et d’avoir tamisé les lumières quand j’avais une migraine.
  • Merci de m’avoir montré c’est quoi la réalité.
  • Merci de m’avoir expliqué plein de choses, d’avoir reformulé tes mots pour que je comprenne mieux.
  • Merci pour ta patience.
  • Merci de m’avoir chicanée un peu quand je le méritais.
  • Merci d’avoir soupiré quand je faisais une connerie.
  • Merci d’avoir fait le chemin avec moi.
  • Merci d’avoir fait du chemin avec moi.

Merci.

Une personne bipolaire ne devrait pas avoir d'enfants ?

Une fois, j’étais dans un groupe de discussion chez Revivre et je ne sais pas comment, mais le sujet est venu aux enfants. Je crois que ça se passait en 2001 après mon changement de médicaments et ma rupture avec le Prince charmant. Je ne voulais plus d’enfants. Il aurait fallu que j’arrête les médicaments pendant la grossesse et ça me terrifiait. Je ne pensais pas pouvoir prendre soin d’un bébé dans cet état non plus.

Il y a quelqu’un qui a réagi fortement après mon aveu de ne pas vouloir d’enfants. Si je me rappelle bien, c’était une femme et elle a fait un commentaire du genre : « Je suis contente que tu dises ça parce que je pense qu’on (les bipolaires) ne devrait pas avoir d’enfants. »

Je vous rappelle que en 2001, j’étais en dépression majeure (merci Wellbutrin), j’avais 25 ans, j’étais encore un être impressionnable, en déni, et fucké.

Première réaction : Euuuuh…

Deuxième réaction : Plein de gens bipolaires ont des enfants.

Troisième réaction : Honte d’avoir déjà voulu des enfants. La femme avait peut-être raison.

Avec le temps, le doute est resté. Est-ce que c’était mieux comme ça ? Ouin, peut-être. Peut-être que je ne devrais pas avoir d’enfants. Je ne serais pas une bonne mère, je ne pourrais pas prendre soin du bébé, je ferais un baby blues c’est sûr, j’endommagerais mes enfants.

Tout le temps que j’ai pris des médicaments j’ai pensé à ça. Depuis que je n’en prends plus, j’y pense encore. J’en ai parlé en thérapie et ça a aidé à clarifier les choses. Pour moi. Mais, je connais une bipolaire qui ne prends pas de médicaments et qui a eu un bébé et qui essaie d’en avoir un autre. Ça ça me choque. Beaucoup. Je trouve que si tu as des enfants, prends soin de toi bonyenne.

C’est comme dans l’avion. Si les masques descendent du plafond, mets le tien avant d’aider tes enfants ou ton voisin. Sinon, tu vas mourir. Même affaire.

Qu’en pensez-vous ? Pour ou contre avoir des enfants ? Pourquoi ?

J'ai tué M.N.

La nuit passée, j’ai rêvé que j’avais tué M.N. Ça m’a réveillée et je n’ai pas été capable de me rendormir. Ce matin, je suis fatiguée. Grâce aux congés des fêtes, je sais que je vais pouvoir faire une sieste plus tard.

Je ne me rappelle pas vraiment mon rêve. Mais je sais que je l’ai tué et qu’après, il fallait que je deale avec son frère. Dans la vraie vie, M.N. a deux frères. C’est lui le plus vieux et je crois que c’est le seul à avoir le genre de problèmes qu’il a. Il est érotomane et c’est un sociopathe. Je ne voulais pas tuer son frère, je voulais juste m’en aller. Je pense que j’ai poignardé M. avec le couteau que j’ai vu dans l’émission, hier.

Son frère ressemblait au fils aveugle dans l’émission de Criminal Minds que j’ai regardé hier. Dans l’émission, le tueur a tué la mère mais a développé un rapport avec le fils. Il lui dit à la fin que jamais il ne lui ferait de mal. Il utilisait un couteau pour tuer ses victimes. Dans une autre émission, il ya avait un tueur appelé le Reaper de Boston et c’est son couteau à lui que j’avais dans mon rêve. Une lame courbe.

Dans l’émission, ce tueur passait plus de temps avec ses victimes féminines plus jeunes. Plus elles étaient jeunes, plus il prenait son temps, plus il prenait de temps allant jusqu’à les poignarder 67 fois. Le tueur était un sadique sexuel qui utilisait sa lame et le geste de poignarder comme substitut pour la pénétration. La jeunesse des victimes parlait de l’âge qu’il préférait : jeune vingtaine. Pour les plus vieilles et les hommes, c’était le pistolet. Pour les femmes plus vieilles que 24 ans, c’était toujours le couteau mais moins de coups. C’était un substitut qui voulait dire qu’il était entouré de jeunes filles auxquelles il ne pouvait pas toucher, qu’il avait un poste d’autorité…dans une école.

Je me rappelle avoir ressenti quelque chose quand je me suis réveillée de mon rêve. Est-ce que c’était de la peine, de la culpabilité ? Je sais que je n’étais pas en paix, j’étais troublée. J’ai fantasmé souvent de le tuer. J’ai élaboré des plans, je les ai défaits. Je savais que je ne pourrais pas me venger sans qu’on sache que c’est moi. Pas compliqué, quelqu’un pourrait me voir et il y a seulement une poignée de filles qui ont porté plainte contre lui, seulement une qui a été en cour et a prouvé qu’il est malade. Il suffit de vérifier les alibis parmi les filles qui ont eu le plus de problèmes avec lui, de savoir que j’étais bipolaire, que j’ai fait de la thérapie pour qu’on sache que c’est moi.

De toute façon, ma méthode de choix dans mes fantasmes est la torture et les explosions en progression. Je prenais mon temps. J’allais chercher ce qu’il aimait le plus, ce qu’il utilisait pour projeter son image de lui-même. Sa voiture. Je la vandalisait, je la maganais pour qu’il ait régulièrement besoin de la faire réparer et qu’il ne puisse pas s’en servir. Je mettais le feu à sa maison…juste un peu. Puis, je faisais exploser sa maison, notre ancien appartement, en fait. Un endroit que j’estime qu’il m’a volé.

Le résultat est le même, c’est la mort.

Je ne connais pas sa famille, mais ils ne sont pas proches et il n’est pas apprécié parce qu’il est bizarre. Il n’a pas d’amis. Il ne peut plus faire de bénévolat ni avoir d’emplois. Il a passé 4 mois en prison et doit aller en thérapie pour des années.

Je pense moins à lui qu’avant. Mais, j’avoue que rêver à lui me fait toujours replonger dans l’angoisse et c’est une des raisons qui font que je blogue. Je veux me le sortir de la tête. J’ai besoin de me purger de lui. C’était une des raisons de ma thérapie. Mais, je n’ai pas vraiment été acapable d’en parler. Sauf qu’en parlant du reste, je suis arrivée à comprendre ce qui a fait que j’ai accroché sur lui, que je l’ai attiré, lui. J’ai compris pourquoi j’étais incapable de m’en sortir à ce moment-là. Les conditions étaient réunies pour que je sois victime. Une victime presque consentante, paralysée, coupable, pognée, sans autonomie, avec du stress post-traumatique, des pilules, en dépression, qui venait de rompre avec son chum, qui avait peu d’amis, qui ne parlait pas. Contrairement à A. Une chance qu’elle a tout gardé pour porter plainte.

Je suis rendue à un point dans mes rêves où je me défends, où je tue, où je crie. Pour moi, ça veut dire que j’ai confiance, que je suis plus forte.  D’ailleurs, j’ai fait une sieste tout à l’heure et j’ai rêvé qu’un homme du FBI était couché sur mon lit pour me montrer un video de lui en train de chanter. Sur l’écran il y avait aussi Fringe. FBI = autorité. Fringe = savant fou. Un chanteur avec la voix de Kevin Parent = séduction. Bref, il a failli rouler sur moi, mais j’ai été plus vite et je l’ai repoussé pour me tirer de là. Je suis bien contente. Avant, j’aurais rêvé du pire.

Ungh.